L'or de tes yeux [priver Raven/Elianah]

Je me promenais dans la banlieue, le regard toujours chargé de rage et de crainte. Bien entendu, je n’avais pas peur des petits rigolos qui se battaient entre eux…en fait, pour tout dire, c’était la crainte de ne plus le revoir LUI. Ha…Raven, il m’avait mise dans un drôle d’état, sa rencontre fut pour moi aussi destructrice qu’une bombe a retardement…
Malgré tout je m’étais convainque et fait le serment que cela n’était pas vraiment de l’amour, du moins, je l’espérais.

La rue était déserte se qui me permis bien vite de me sentir à l’aise. J’étais seule, loin de tout ce que je connaissais. Je comptais les carcasses de voitures calcinées sur mon passage. Les jeunes de nos jours avaient vraiment des idées bizarres. Je pense qu’un petit tour à l’armée ne leur ferait pas de mal. Avec des généraux comme j’avais eu, ils ne risqueraient pas de recommencer de sitôt.
Mon regard étain se posait maintenant sur la façade des grand HLM. C’était vraiment laid…Encore plus laid que les clochards qui fouillait les poubelles. Je n'aimais pas voir la tristesse et eux, niveau malheur, ils étaient servis.

En continuant ma route, la lumière dorée des lampadaires me rappelait le regard du corbeau. Un regard d'or; pesant, emplit de tristesse mais dans lequel je trouvais un certain réconfort.

Pour la première fois, j'avais cherché un peu plus loin. Je m'étais plus ou moins approché de l’horizon, et avais aussi remarqué que cette saloperie s'éloignait quand on s'en approchait. Ca me rassurait sur le point que la terre n'était pas quelque chose de plat. Oui, j'avais encore des craintes à ce sujet, du haut de mes vingt-deux ans. Mais ce n’était pas de ma faute, inutile de le préciser. Toujours était-il que cet endroit m'était tout à fait hostile. Tous ces tas de ferraille vraisemblablement brûlés, entassés de ci-delà. De grands immeubles, affreux amas de béton, mal entretenus, peut-être même pas du tout, se dressaient de façon irrégulière au bord des routes. Au noir-bleu du goudron se mêlait le vert des bouteilles brisées. Les murs de pierre grise avaient été recouverts de tags dont la signification et l’utilité m'étaient inconnues.

Je n'avais jamais compris pourquoi les cartiers les plus laids, ceux à la moins bonne, renommée, se construisaient dans la banlieue des villes. Et surtout, pourquoi tout ici semblait avoir été volé, brisé. Tant de questions inutiles qui ne trouveraient de réponses auprès de personnes, encore une fois.

J'étais là, assis sur l'un des longs murs de parpaings irréguliers. Je n'avais même pas osé remettre ce manteau qu'Elianah m'avait violemment jeté dessus après que je lui aie exprimé mon avis, quoiqu'un peu peu directement, sur le fait de vouloir être normal. Les gens mécontents de leur sort m’exaspéraient. Je m’exaspérais de moi-même. Du sol montaient encore quelques odeurs de pluie, rapport aux nombreuses averses du début d'Automne. On devait être le quatre, le trois, ou le cinq... Une fois le premier passé, je n'avais plus fait attention à la date. Non, il serait plus juste de dire "Une fois qu'Elianah m'avait méchamment remis à ma place". Voilà, c'était plutôt ça. Et je n'étais pas prêt de lui pardonner pour ça. On ne vivait pas dans une "dictature", sous les ordres de son altesse le lion d'une tonne et demie. Je ne pouvais pas deviner que madame serait sensible à ce point.

Le long blouson noir pendait mollement à côté de moi. Peut-être qu'il portait encore son odeur. Avec mon odorat au moins aussi développée que ma diplomatie, j'étais au moins tranquille de ne pas être capable de le déterminer. De toutes façons, j'allais finir pas l'oublier.

Hahaha, l'oublier. Je me faisais bien rire, tout seul, moi. Comment l'oublier. Déjà parce qu'elle m'avait largement gonflé, ensuite parce que son manque de tolérance reflétait son idiotie, et enfin, parce que j'étais complètement fou de son regard vert. Cet affreux regard vert que je détestais tant. Au point de sentir un vide en son absence. J'avais vraiment eu envie de la frapper, mais deux raisons m'en avaient empêché. La première, elle m'aurait rendu le coup à sa façon, et sans doute aurait-elle réussi à me faire pleurer. La seconde, parce que même avec toute la volonté du monde, je n'y serais pas parvenu. Je savais très bien que dans la liste de mes traits de caractère, on trouvait "minable", mais pas à ce point...

Et puis... Cette fille que je ne voulais absolument pas revoir en vint à se faire encore plus détester-et adorer- en apparaissant au bout de la rue. Elle n'était pas sérieuse, là. Elle m'avait forcément senti à des kilomètres, non? Et puis, vu ce que j'avais retenu de sa finesse, peut-être pas... De toutes façons, il était inutile de préciser que je mourais d'envie de la revoir, de lui parler... Le ciel était déjà sombre, la lueur jaunâtre des réverbères encore en vie m'agressait la rétine, me forçant à régulièrement tourner le regard. Mais je la sentais toujours proche. Peut-être, avec un peu de chance, m'ignorerait-elle et continuerait son chemin...

Toujours en fixant les immeubles, je marchais d'un pas d'un pas silencieux. Mais quand mon regard croisait deux pépites d'or tapis dans l'ombre des perrons, je fus prise d'un traque sans égale. Je me contentais de ne pas y faire attention même si ma respiration s'était accélérée mon cœur battait à tout rompre comme l’or ce que je courrais dans le désert d’Israël avec les armées ennemis à mes trousses. La même sensation d’avoir un prédateur potentiel pesa sur mes épaules même si au fond je me doutais bien qu’un coup de crocs dans le crâne ou une clé de bras comme je savais les faire pouvait suffire a avoir raison ce corbeau de malheur.

Mes yeux se chargèrent de tristesse. En fait, je le haïssais tout autant que haïssait le fait de lui en vouloir. Ce soir-là, je m’étais comportée. Mais en même temps, cela me faisait souffrir de me dire qu’a partir de maintenant, mon âme dépendait de celle d’une autre personne…de toute ma vie, c’est la chose que je redoutais le plus ! Et, comme j’avais de la putain de chance, cela fut arriver, là, tout de suite. C’était aussi destructeur qu’une bombe atomique au milieu d’une roserait.

J’essayais tant bien que mal de l’ignorer, mais chaque pas vers lui, chaque fois que je m’approchait, je sentais mes jambes se dérober sous mon poids, mon âme attirée par ces éclats d’or massif brûlant ma peau tel des balles d’argent dans le corps d’un vampire. Les seuls mots que je pouvais mettre sur ce sentiment étaient « douleur, haine et impuissance » Si encore l’amour était une personne, je l’aurais tuée prestement ! Malheureusement, je me battais contre deux ennemis dont un invisible qui prenait ma tête comme terrain de jeu.

Je grinçais des dents, énervée, dépourvue de toute force de réflexion, abîmée, tué de l’intérieur, dévorée par ce regard d’or brûlant d’indifférence ou peut être devait-il se moquer de moi pour adopté un tel comportement. Si j’étais arrivée là, c’était parce que j’avais suivit mon instinct, mais visiblement, lui aussi était décider à tout mettre en œuvre pour me mettre en contact avec Raven ! Je n’avais aucune envie d’être ici ! Si seulement je pouvais mourir, disparaitre en fumée et ne plus jamais revenir dans ce monde ! Du haut de son mur de parpaing, il me contemplait, l’oiseau pesant sa proie de son regard. Jamais au grand jamais je ne m’étais sentie aussi soumise. Le lion était la pitance du corbeau ! Cela était intolérable ! Je me détestais de ne pas pouvoir agir efficacement, lui planter mes cocs dans le coup et l’éliminer une bonne fois pour toute ! J’en étais tout simplement incapable…Il devait bien se foutre de moi.

Je sentais mon instinct de manticore se manifester depuis le tréfonds de mes tripes. Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ?! Pourquoi donc cela se produisait-il en présence de Raven ?

Je stoppais la marche pour pouvoir reprendre mon sang froid et soupirer de tristesse. Ce regard d’or posé sur moi. Je tournais un peu ma tête pour pouvoir apercevoir l’autre. J’avais une folle envie de me transformer et m’enfuir en courant à travers des horizons lointains…je pourrais songer de m’exiler en Israël, ma deuxième terre natale.

Mais que racontais-je là ?! Je n’allais quand même pas lui faire le plaisir de disparaitre de sa vue ! J’avais vécu des épreuves bien pires que celle-ci et franchement, je me décevais au plus haut point !

Je ne devais pas fuir devant une telle chose, même si au fond, je ne sentais pas d’aller lui parler… J’avais beau avoir l’air flegmatique, il m’arrivait de devenir agressive quand un sentiment nouveau et inconnu se formais en moi…comme celui que je ressentais en ce moment.

Je ne pus m’empêcher de le fixer. Mon regard reflétant à la fois la haine, le méprit, mais écraser par la curiosité et la fascination…je me plongeais dans l’or de ses yeux et bizarrement, je ne voulais plus en sortir.

Mais ce n'était pas vrai... Voilà qu'elle me refaisait le coup du persil dans le nez. J'avais beau la toiser, elle ne tiltait pas que ce regard m’exaspérait au plus haut point. Je fis un geste de la main pour voir si je ne pouvais pas stopper son air ahuri. Elle était encore au bord de perdre le contrôle de son hybride, ça se voyait clairement. Je n'avais plus envie de lui parler. Plus du tout. J'avais envisagé le fait qu'elle engage la discussion. Pas l'inverse. Et ça me gonflait d'avoir à le faire...

J'ouvris la bouche pour dire quelque chose, une parole futile qui lancerait une discussion du même ordre. Et puis, je réfléchis. La bouche ouverte, avec un air sans doute sublimement stupide. Mais bon, sorti de la Fondation, en général, on ne sait pas trop comment se tenir face à quelqu'un. Je ne voulais pas parler, franchement. Alors pourquoi me tuais-je à chercher une parole à dire? Pour rien, comme d'habitude...

"-Si tu veux encore me balancer quelque chose dessus, crier ou je ne sais quoi, ça ne m'intéresse pas. J'imagine que madame je-ne-m'aime-pas m'en veut encore."

C'est sur ces sages paroles que je me laissai tomber du mur, le manteau noir à la main. Je passai à côté d'elle. Je ne pu m'empêcher, même avec toute la volonté que j'étais capable d'avoir-pas grand-chose-, de sourire. J'étais le dernier crétin que ce monde aie connu, ils avaient oublié d'intégrer le gène "intelligence" dans mon programme... Enfin tant pis, on ne modifie pas un programme génétique d'un claquement de doigts. Je resterais tel que je suis pour le restant de mes jours. Surement pour pas longtemps, donc, a en juger par la gentille puce qui elle ne se faisait pas oublier...

Je ne pus m'empêcher de marquer un arrêt alors qu'elle était derrière moi. J'avais beau réfléchir, je ne comprenais pas pourquoi elle m'en avait autant voulu pour un simple avis exprimé. Elle avait quelqu'un à qui tenir. Pas moi. Elle avait désormais quelqu'un à regretter. Pas moi. Alors, si elle pouvait arrêter de se plaindre de ça quand son interlocuteur n'était pas dans une meilleure position qu'elle... Non, je devais être plus proche du corbeau que de l'humain. J'étais incapable de comprendre la réaction d'Elianah. Incapable de comprendre un mode de pensée humain... On aurait pu prendre ça comme un handicap, une malédiction, mais que nenni, pour moi, c'était plus un don qu'autre chose. Toujours rester en dehors de ça... C'est sans doute ce que je faisais de mieux. Peut-être. Je restai planté là, pensif. Une question de taraudait. Je finis par me résoudre à parler j'espérais bien pour la dernière fois ce soir.

"-Elianah... Tu peux m'expliquer l'interet que tu portes à cette personne que tu n'as pas revue depuis je-ne-sais combien de temps?... Ne réponds pas si c'est encore pour t'énerver, mais je ne comprends vraiment pas..."

Ce type passa devant moi, le regard perdu je ne sais où.

Ce n’était pas pour dire, mais j’avais du mal à contrôler la manticore. ..Si cela me refaisait le même coup que la foi dernière, je partirais sans demander mon reste.

"-Si tu veux encore me balancer quelque chose dessus, crier ou je ne sais quoi, ça ne m'intéresse pas. J'imagine que madame je-ne-m ‘aime-pas m'en veut encore."

Je lâchai un grognement sourd. Pour qui se prenait-il, celui-là ? Si ça n’avait tenu qu’à moi, je lui aurais volontiers lancé ma main à travers la trombine…mais voilà, toujours le même problème ; je restais à ma place sans rien dire, les poings serrés et les mâchoires soudées.
Malgré tout je gardais mon expression habituelle l’or ce que l’on m’énervait : une expression neutre, flegmatique. Mes yeux continuaient de le fixer.
Je me préparait a partir quand la voix de l’homme corbeau se fit entendre à nouveau.

"-Elianah... Tu peux m'expliquer l'intérêt que tu portes à cette personne que tu n'as pas revue depuis je-ne-sais combien de temps?... Ne réponds pas si c'est encore pour t'énerver, mais je ne comprends vraiment pas..."

Je me retournait, les yeux flamboyants de colère et de tristesse mais tout en conservant cette maudite tronche pleine d’indifférence et de dédain. Leva la tête et planta mon regard dans celui de Raven.

- En effet, je ne vais pas te répondre…C’est pas une chose qu’on peut expliquer à des Monsieur –je-m ’aime-trop…

Sur ceux, je resta un instant à le balayer. Puis me retourna, en attente d’une réponse qui allait encore une fois me mettre en pétard.

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